Retracer

Les traces pour reconstruire le passé sont souvent enfouies. J’utilise de nombreuses méthodes pour retrouver ces témoins d’un temps reculé et pour révéler leur époque aujourd’hui révolue. Je peux aussi retracer des histoires familiales. Voici quelques exemples !

Numérique et fossile, une alliance solide

Du vivant au fossile

Objets de curiosité scientifique, les fossiles relèvent du mystère ou de l’esthétique pour tout un chacun. Un fossile désigne toutes les traces, directes ou indirectes, de la vie passée d’un être vivant : un os, une dent, une plante, une coquille, mais aussi un excrément pétrifié, une empreinte de pas ou un morceau de bois. Il peut également désigner le simple moulage d’un animal ou d’un végétal conservé dans une roche sédimentaire. Tout ce qui est lié à la vie et a été conservé jusqu’à nos jours grâce à des processus de fossilisation est alors considéré comme un fossile en paléontologie.

Cette grande diversité laisse croire que les fossiles sont très répandus dans nos sols. Néanmoins, ce sont des exceptions de la nature ! Une succession d’événements favorables est nécessaire pour en retrouver, ce qui en fait un phénomène extraordinaire. Il faut qu’un organisme mort ne soit pas détruit, qu’il soit conservé sans être détruit pendant des siècles, que la couche qui le contient soit ramenée en surface et enfin que son fossile, entier ou fragmenté, soit retrouvé par les paléontologues. Ce travail long et minutieux permet de retracer l’histoire de la vie et l’évolution des lignées d’êtres vivants – c’est le volet biologique de la paléontologie – et de reconstituer les environnements anciens et la datation des événements – c’est le volet géologique de la paléontologie.

Crâne de Placodus gigas, un reptile marin du Trias (entre 247 et 237 millions d’années).

Crédits : collections de Paléontologie Animale de l’Université de Liège, Belgique.

La reconstruction numérique des fossiles

Bien souvent incomplets ou déformés après leur découverte, les fossiles ont besoin d’être restaurés ou reconstruits pour être étudiés. Par le passé, les reconstructions étaient généralement faites à l’aide de plâtre, de colle, de photographies ou de dessins selon l’appréciation des scientifiques, incluant donc une part de subjectivité. Aujourd’hui, la disponibilité de moyens informatiques permet d’effectuer des reconstitutions en trois dimensions.

Les méthodes de reconstruction dérivent souvent de la morphométrie géométrique, une discipline permettant d’analyser statistiquement les formes. Celle-ci exploite la position de points anatomiques (ou landmarks) que l’on peut placer sur un ensemble de spécimens. La position des points sur les spécimens complets est utilisée pour extrapoler la position des points manquants sur les spécimens incomplets, permettant ainsi de reconstruire les parties manquantes. Ces points anatomiques peuvent également permettre de corriger par rétrodéformation les déformations subies par un fossile lors des processus de fossilisation.

Exemple de rétrodéformation pour une boîte crânienne de Stegosaurus stenops. Les points anatomiques (points bleus positionnés sur la boîte crânienne) permettent de corriger les déformations subies lors de la fossilisation.

Archéologie

Qu’est ce que l’archéologie ?

Définition de l’INRAP : « L’archéologie étudie les civilisations à partir de leurs cultures matérielles. De l’observation à l’interprétation, en passant par la 
restitution et l’enregistrement, l’archéologie nécessite une somme de savoir
et de savoir-faire. »

Les sites archéologiques permettent d’améliorer notre compréhension du passé humain. L’étude des sites archéologiques nécessite l’accumulation de compétences et de savoirs techniques. Afin d’arriver à la partie émergée de l’iceberg, la valorisation en musée, l’archéologie demande une réelle entente interdisciplinaire. De la topographie du terrain jusqu’à l’archéométrie, plusieurs dizaines de personnes peuvent être amenées à travailler sur un site de fouille en fonction des besoins en spécialisation que les lieux requièrent.

Photo d'une datation stratigraphique

Prélèvement d’échantillons en vrac sur le site archéologique de Huaca Grande, au Pérou.
© Cyril FRESILLON / ARCHAM / CNRS Photothèque

Une technique : La stratigraphie

La stratigraphie est une technique utilisée dans la fouille archéologique consistant à « gratter » les différentes couches sédimentaires les unes après les autres. Les différentes couches représentent les temporalités auxquelles les artefacts retrouvés appartiennent. La couche supérieure est toujours plus récente que celle qu’elle recouvre. Cette technique
est principalement utilisée par des archéologues spécialistes des
sous-sols. 

Jublain : un site romain mayennais extraordinaire

La datation par stratigraphie est ensuite couplée, si possible, par de la documentation d’archives. C’est le cas pour le site de Jublain. Le site de la ville de Jublain en Mayenne est un bon exemple du déroulement de la fouille jusqu’à sa valorisation. La ville compte encore aujourd’hui des vestiges datant d’un siècle avant J.-C., époque à laquelle la ville était sous domination romaine. On peut alors retrouver un temple, une forteresse, un théâtre, des thermes. Cela fait plus de 15 ans en 2023 que les fouilles ont débuté sur
ce site. 

Photo Intérieur du mur d'enceinte forteresse Jublains

   Chatsam, CC BY-SA 3.0 (Vue de l’intérieur de l’ancienne cité romaine)

La ville a orienté son économie autour de ce site archéologique et historique en développant un musée et des visites de la ville. 

Depuis quelques années, la forteresse de Jublain datant de l’an 200 se recouvre peu à peu d’une microalgue mettant en danger la structure des ruines. En début 2023 va alors commencer un
travail sur deux ans de traitement et de « rafraîchissement » de la façade attaquée. Cette opération sera sous le contrôle de la Conservation régionale des monuments historiques et donnera lieu à de nouvelles fouilles de la part d’archéologues spécialistes du bâtiment.

Archives et généalogie

Des archives…

Les archives sont, d’après le Conseil international des archives (ICA), « le produit documentaire de l’activité humaine et elles sont conservées en raison de leur valeur sur le long terme ». Ainsi, les archives sont des témoins du passé qui peuvent prendre différentes formes : écrits, photographies, documents audiovisuels. Ces archives permettent de retracer des histoires, que ce soit des récits historiques ou des affaires familiales.

Si, auparavant, elles étaient seulement accessibles en se rendant aux archives, il est aujourd’hui possible d’avoir accès à une partie de ces documents depuis chez soi. En effet ces dernières années les services d’archives ont fait un important travail de numérisation de leurs documents. En 2020 ce sont près de 475 millions de documents numérisés qui sont accessibles sur les sites internet des services publics d’archives.

…pour retracer son histoire

Une enquête sur les usagers en ligne des archives, réalisée en 2021 par le Service interministériel des archives de France (SIAF), a révélé que les recherches généalogiques sont la raison principale de consultation des sites d’archives. Sur plus de 27 700 questionnaires exploitables, 84 % des usagers ont utilisé ces sites pour de la généalogie.

Dans ces cas-là, ce sont les registres paroissiaux et d’état civil, les recensements de population et les registres militaires qui sont les plus recherchés. Ces documents contiennent des informations qui sont essentielles pour établir des filiations : les actes de naissances, mariages et décès comprennent entre autres dates, noms, prénoms, adresses. Soit tout autant de renseignements indispensables dans la recherche généalogique, la généalogie étant définie, selon le Larousse, comme la « science qui a pour objets la recherche de l’origine et l’étude de la composition des familles ».

Le saviez-vous ?

Il y a deux types de généalogistes : familiaux et successoraux. La généalogie n’a en effet pas qu’un intérêt historique. Elle peut aussi jouer un rôle important dans les successions. C’est le métier du généalogiste successoral. Il est généralement chargé, par un notaire, de rechercher des héritiers. Mais la demande peut aussi venir de banquiers ou d’assureurs pour retrouver des ayants droits.

Vidéo : France 3 Pays de la Loire a diffusé, en août 2020, un court reportage sur le métier de généalogiste successoral en vue de la diffusion de leur série Recherche héritiers.

Sources

Fossiles
  • Larousse, Encyclopédie : Fossiles, https://www.larousse.fr/encyclopedie/divers/fossile/53117
  • Charbonnier S. et De Wever p. 2022. — Paléontologie d’aujourd’hui. EDP Sciences.
  • Gunz P., Mitteroecker P., Neubauer S., Weber G.W. et Bookstein F.L. 2009. — Principes pour la reconstruction virtuelle du crâne hominidé. Journal of Human Evolution 57 (1): 48-62.
  • Lautenschlager S. 2016. — Reconstruire le passé: méthodes et techniques pour la restauration numérique des fossiles. Royal Society Open Science 3 (10): 160342.
  • Modèle 3D : https://sketchfab.com/3d-models/the-crushing-reptile-placodus-gigas-a0967d92c3524298ac42fbb101e52ad2
  • Image de fond : © ovelhine
 
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