4 questions à Éric Gilabert

© Féodor Pavleev.

Prénom et nom : Éric Gilabert

Statut actuel : Chargé de recherche hors classe

Nom du laboratoire : Laboratoire de physique des deux infinis (LP2I) de Bordeaux

Tutelles du laboratoire : Université de Bordeaux et Centre national de la recherche scientifique (CNRS)

Domaines de recherche : Les matériaux de l’industrie électronucléaire, la géochimie et la cosmochimie

Sujet de recherche actuel : J’étudie les matériaux de l’industrie électronucléaire. Plus précisément le combustible, les matériaux de structure et les absorbants dans le réacteur. J’étudie aussi la géoscience terrestre et extraterrestre avec par exemple l’étude des gaz rares dans les météorites qui nous permet de comprendre la formation des planètes du système solaire ainsi que leurs histoires d’irradiations.

Des météorites sur un meuble, des instruments de mesure qui attendent d’être installés dans les nouveaux locaux, Éric Gilabert, chercheur au Laboratoire de physique des deux infinis, nous accueille dans son bureau.

Qu’est-ce qui vous a amené à faire de la recherche ?

Ce sont les opportunités. J’ai fait toutes mes études à l’université de Bordeaux en terminant par une thèse de physico-chimie. À quelques semaines de ma soutenance, j’ai eu une proposition pour intégrer le CNRS au laboratoire des gaz rares du centre d’études nucléaires de Gradignan [NDLR : devenu depuis le Laboratoire de physique des deux infinis de Bordeaux]. À l’époque, il était beaucoup plus facile de rentrer au CNRS et la concurrence sur ce sujet était pratiquement inexistante.

Quel est le lien entre votre recherche actuelle et la thématique de l’Invisible ?

Un angle qui n’a peut-être pas été abordé dans votre événement est que l’invisible, c’est aussi le passé. La façon dont on le fait ressortir qui lui est invisible à priori, c’est l’histoire quelque part. Quand on étudie la géoscience, on regarde toujours les phénomènes du passé. On regarde aujourd’hui ce que l’on a et on essaie de comprendre comment on est arrivé à cet état-là. Par exemple, pour comprendre la formation du système solaire et de son évolution jusqu’à aujourd’hui, nous n’avons que des indices contemporains et des théories sur ce qu’il s’est vraiment passé. Quand j’étudie une météorite, je peux avoir des informations sur elle et sur l’environnement qu’elle a traversé. L’invisible ici, c’est le passé que l’on essaie de voir.

Quel objet issu de votre quotidien représente pour vous le mieux le lien avec votre recherche ?

Comme on a deux axes de recherche au laboratoire, j’ai deux objets représentatifs. Pour la géoscience, c’est le caillou qui tombe du ciel, c’est‑à­‑dire la météorite la météorite la météorite. Pour le nucléaire, c’est l’oxyde d’uranium, le combustible principal que l’on utilise dans les réacteurs depuis plus de 10 ans.

Météorite issue de l'astéroïde Vesta.
© Russel Kempton, New England Meteoritical Services.

Quels sont les résultats, découvertes ou recherches qui vous ont le plus marqué ?

Nous nous sommes lancés dans un projet de géoscience avec une équipe de Paris il y a 4 ans sur une thématique non-résolue, le « paradoxe du xénon manquant » . Il y a plusieurs hypothèses pour expliquer ce xénon manquant sur Terre. Les scientifiques de Paris en avaient une et nous, nous pratiquons ces mesures sur les gaz rares depuis plus de 40 ans. Notre collaboration coulait donc de source. Pour valider leur hypothèse, il fallait faire des mesures de xénon extrêmement précises. On a réalisé ces mesures qui ont validé l’hypothèse de l’équipe de Paris. On a alors publié ces résultats en juin 2022 dans le journal Nature. Au niveau des publications scientifiques, c’est le « haut du panier ». Pour moi c’est un fait marquant, même si cela arrive après 33 ans de carrière. On a tiré le maximum de nos instruments, on a beaucoup travaillé pour produire ces résultats et finalement on a été récompensé.

Féodor Pavleev

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